Kouty, mémoire de sang by Aïda Mady Diallo

Kouty, mémoire de sang by Aïda Mady Diallo

Auteur:Aïda Mady Diallo [Diallo, Aïda Mady]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller
ISBN: 9782070422517
Google: 2bMbNQAACAAJ
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 2002-01-14T23:00:00+00:00


9

Deux jours après son arrivée à Bamako, Eddy s’envolait seul vers Nairobi. Il ressentait le besoin de s’éloigner de Kouty. On dit, n’est-ce pas, que la distance réduit l’intensité des sentiments et les remet à leur juste place…

Le lycée rouvrit ses portes le 10 octobre. Kouty remarqua que le nombre des nouveaux élèves correspondait au nombre de ceux qui avaient quitté le Mali. Eddy ne revint que deux semaines après la reprise des cours. Distant, mais toujours correct, le jeune garçon s’enquit auprès de son amie de l’état de sa blessure, maintenant en voie de guérison, grâce à une préparation de tante Odile, composée d’extraits de plantes, visant à atténuer la cicatrice. Pendant tout le mois de novembre, ce fut le seul moment où Eddy sembla s’intéresser à Kouty, ce qui ne manqua pas de réjouir Joanne qui attirait maintenant toute l’attention du garçon. On ne les voyait plus l’un sans l’autre. Aucune plainte, aucune remarque de la part de Kouty, ne fit écho à ce nouveau comportement. La jeune fille ne semblait guère affectée par le changement brusque de son camarade.

Un matin, au restaurant, et comme toujours avant le petit déjeuner, Kouty ramassa les restes du dîner de la veille. Vers sept heures, elle quitta le restaurant après avoir placé le colis de nourriture sur le panier à l’arrière de sa Mobylette. Puis elle s’engagea sur le chemin menant au quartier voisin où logeaient les jeunes guéribs qu’elle se chargeait de nourrir tous les matins. Ceux-ci venaient l’attendre au bord de la route qui délimitait les deux quartiers.

Celui où la jeune fille vivait était composé de villas coquettement décorées, et les rues, en terre battue, étaient cependant larges. De véritables jardins potagers y avaient été aménagés par quelques cultivateurs urbains chevronnés qui en avaient saisi l’intérêt. Un terrain vague, ça pouvait vite devenir un espace agricole. Pour ces victimes de l’exode rural, qui voyaient s’évanouir leurs illusions avec le mirage de la ville, mais qui préféraient faire partie des laissés-pour-compte plutôt que de revenir en arrière, la dernière chance était de retourner à leurs premières amours : la terre et la daba. Pour eux, ça n’avait donc aucune importance de devenir des gêneurs pour les habitants de ces villas qui leur inspiraient de la crainte mais aucun intérêt

L’autre quartier, refuge des jeunes mendiants, était caractéristique de Bamako. Il était composé, lui, de maisons de terre ou de ciment où trois générations vivaient entassées, se nourrissant des revenus de deux ou trois d’entre eux. Cependant, du matin au soir, jeunes et moins jeunes se retrouvaient autour d’une théière, le long des rues, devant une mare d’eau stagnante et des tas d’ordures dont la pestilence ne les atteignait plus. Phénomène d’accoutumance. Personne ne pensait, et surtout pas les responsables locaux, qu’on pourrait améliorer la situation. Par exemple en reprenant la vieille tradition qui consiste à balayer devant sa porte. Pourquoi ne pas solliciter tous ces bras valides et sans emploi ? Non, bien sûr, puisque la pauvreté est synonyme de saleté



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